Stanislas Germain
Luth et Chant
Harmonie des Sphères
Le cosmos et ses histoires dans la musique de la Renaissance
Concert
“L’homme qui n'a pas de musique en soi et que n'émeut pas un concert de des doux accents est propre aux trahisons, aux complots, aux rapines… Ne vous fiez jamais d’un pareil homme. Écoutez la musique!”

Une vision du monde très ancienne considère que la musique vibre en harmonie dans l’univers entier, que les planètes et les étoiles émettent des sons en se mouvant, que l’ensemble produit une symphonie. Cette musique céleste se voit reflétée dans l’âme humaine, mais nous n’en gardons, depuis notre naissance, qu’un vague souvenir.
À la Renaissance, on parle de quelques musiciens qui sont arrivés à un tel niveau de perfection de leur art, qu’ils menaient leurs auditeurs à des transes profondes, où rejaillissait le souvenir de cette musique céleste. Des légendes racontent la force et l’influence que la musique a jouée dans les décisions prises par les rois en diverses cours, que l’harmonie avait le pouvoir de mener le monde à la paix, mais aussi à la guerre.
Durant la Renaissance, le luth témoigne de cette quête d’une musique qui transcende le monde matériel. Les poètes, les peintres et les musiciens de cette époque se réfèrent à cet instrument comme à un miroir de l’univers. Le luth cherche le difficile équilibre entre la force et la fragilité.
Son répertoire est rempli de références aux planètes et à cette harmonie des sphères qui était une sorte de quête pour les musiciens de cette époque. Pratiquement tous les traités de musique du Moyen-Âge jusqu’au XVIIIe siècle commencent par une explication des trois niveaux de la musique qu’ils appelaient : céleste, humaine et instrumentale. Les niveaux devaient se refléter les uns dans les autres pour que la symphonie (ensemble de sons) soit véritablement harmonie.
Ce concert cherche à renouer avec cette ancienne conception où l’univers en entier se trouve en chacun, où la musique sait toucher les profondeurs de l’âme humaine.
Stanislas Germain, Bogota, mars 2019
Harmonie des Sphères
Programme
Ce concert se déroule en deux parties et se construit selon la conception que l’on avait du ciel à la Renaissance. Chaque planète est à la base d’une histoire ou d’une donnée scientifique de l’époque en lien avec les œuvres interprétées . La terre est au centre, viennent ensuite les planètes connues jusqu’ici, puis le soleil se trouve au milieu entre nous et le grand ciel étoilé.
Primera pars
Terre
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Prélude*
Branle Gai* Anonyme France XVIe siècle -
La Compagna Francesco da Milano (1497-1543)
Lune
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Ay! Luna que reluces** Anonyme Espagne XVIe siècle
Mercure
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Ricercar terzo
Padoana Francesa Vincenzo Capirola (1474 – c. 1548)
Venus
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La plus jolie des filles Trad. France/Quebec
Soleil
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Recercar primo Vincenzo Capirola
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De tous bien Plaine H. Van Ghizeghem (c. 1445 – c. 1497)
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Glosa De tous bien Plaine Vincenzo Capirola (1474 – c. 1548)
Segunda pars
Mars
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Spagna tuta de fuge Vincenzo Capirola (1474 – c. 1548)
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La guerre* Anonyme France XVIe siècle
Jupiter
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Le roi renaud Trad. France/Québec
Saturne
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Recercario decimo*** Francesco da Milano (1497-1543)
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Baleto da balar bello Vincenzo Capirola (1474 – c. 1548)
Ciel Étoilé
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La blanche biche Trad. France-Québec
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Reel du pendu Trad. Québec
* Publié par Pierre Attaignant, Paris, 1529.
** Cancionero de Upsala, publié à Venise par Jerónino Scotto, 1556.
*** Publié par Jerónimo Scotto à Venise, 1548.

Stanislas Germain


Stanislas Germain fait de la musique depuis qu’il a mémoire. La musique l’a toujours accompagnée, depuis les berceuses que lui chantaient sa mère et qui voyagèrent de France jusqu’en Amérique, jusqu’aux disques des Beatles, Dylan, Leonard Cohen et beaucoup d’autres qui l’ont nourri et inspiré.
En grandissant il découvre des musiques et des musiciens venus des siècles passés. Quelque chose du Moyen-âge et de la Renaissance l’appelle. Il étudie au Conservatoire de Montréal, puis à l’Université McGill, et plus tard il termine une maîtrise à l’Université de Montréal. Il joue le luth, le théorbe, les guitares Baroque et Renaissance, la vihuela et l’archiluth.
Son chemin continue en Europe, le mène à Barcelone, où il se perfectionne avec de nombreux maitres à l’Escola superior de música de Catalunya. Entre eux figurent Xavier Díaz Latorre, Pedro Esteban, et Monica Pustilnik. À Barcelone il explore aussi le chant avec Francesc Garrigosa et Arianna Savall. Il chante en s’accompagnant au luth, s’inspirant des chansonniers, mais aussi des trouvères, troubadours, vihuelistes et luthistes de la Renaissance.
Il passe sept années à Barcelone où il commence son métier de trouvère des temps modernes. Il fonde le groupe les Mariniers de Présent, avec qui il fait la tournée des maisons de la culture de Barcelone. Puis il se produit aussi seul avec son luth et voyage grâce à la musique, il va des Açores jusqu’en Bretagne, en passant par la Colombie.
De retour en Amérique, il dirige un atelier dédié aux musiques anciennes d’Espagne et du Nouveau Monde pour des enfants victimes du conflit armé en Colombie avec la fondation Batuta. Il fait aussi connaitre en concert son premier disque solo The dark side of the lute.
Stanislas invente et joue aussi avec les bois et les outils pour construire ses instruments. Il fabrique aussi ses cordes avec des boyaux de moutons en suivant les rares témoignages de la Renaissance sur l’artisanat des cordiers.
Depuis toujours Stanislas crée avec la musique et les mots, tout ce qu’il vit se transforme tôt ou tard en chanson. La musique de ancêtres qu’il explore lui sert d’inspiration pour donner vie à ses créations. Il poursuit le chemin commencé il y a plus de mille ans par les trouvères et les troubadours.